Russie : octobre 1917 – 2017. Entretien avec Anne de Tinguy

Mis en ligne le 18 Déc 2017

En cette année anniversaire, cet entretien avec Anne de Tinguy, professeur à l’INALCO et chercheur au CERI-Sciences Po, propose de s’arrêter sur la trajectoire historique, stratégique, sociétale de l’URSS / la Russie, au cours des cent dernières années. L’article offre un éclairage synthétique de la période, semé de coup de projecteur sur quelques problématiques clefs comme les conséquences considérables de la Révolution d’octobre, l’interrogation séculaire de la Russie vis-à-vis de l’Europe, le bouleversement culturel et identitaire créé par l’effondrement de l’URSS, la permanence d’une puissance déséquilibrée privilégiant le rapport de force, le poids de la crise ukrainienne, l’état de la société russe, les espoirs du réveil de la société civile… Une fresque édifiante à l’heure où le président Poutine brigue un nouveau mandat.

Copyright picture : Ministère de la défense de la Fédération de Russie


Les opinions exprimées dans cet article n’engagent pas le CSFRS.

Les références originales de ce texte sont: propos recueillis par Nathalie de Kaniv et Jean-François Morel, “Russie : octobre 1917- 2017. Entretien avec Anne de Tinguy”, Union-IHEDN, 13 Novembre 2017.

Ce texte, ainsi que d’autres publications, peuvent être visionnés sur le site de l’Union-IHEDN.


 

 

Russie : octobre 1917 – 2017

Entretien avec Anne de Tinguy

 

On commémore cette année le centenaire d’Octobre 1917. Quel regard portez vous sur cet événement ?

J’ai constaté qu’en Russie, où je viens de passer quelques jours, cette commémoration tient peu de place. Une nouvelle historiographie s’y développe, mais il me semble qu’il y a moins de colloques académiques sur cet événement en Russie qu’en France ! Quel que soit le regard porté sur Octobre 1917, même si on minimise ce que les Soviétiques appelaient la Grande révolution d’Octobre, c’est un événement majeur pour au moins deux raisons : la première, c’est qu’il marque la prise du pouvoir par les bolcheviks et le début du système soviétique qui a été une tragédie humaine. Le coût du régime soviétique a été terrible : pendant les 70 ans qu’il a duré, plusieurs millions de personnes ont perdu la vie. En ce moment de commémoration, je souhaite saluer la mémoire des victimes des politiques de terreur mises en place par les dirigeants de l’URSS, à commencer par Lénine. Pendant longtemps, l’historiographie soviétique a nié dans ce domaine le rôle du fondateur du régime. Cette tragédie humaine est une donnée fondamentale du XXe siècle. La seconde raison est qu’Octobre 1917 a eu d’immenses conséquences internationales. Cet événement a marqué le début d’un nouvel ordre international qui a duré jusqu’aux années gorbatchéviennes. Pendant quelque 70 ans, l’idéologie a profondément marqué les relations internationales. L’Union soviétique n’était pas un État comme un autre. Elle estimait avoir une mission dans le monde et poursuivait un objectif de révolution mondiale. Ses dirigeants analysaient les rapports internationaux comme des rapports de forces entre le capitalisme et le communisme qui allaient, disaient-ils, inéluctablement basculer en faveur du second. Après 1945, deux pôles de puissance émergeant, le système international s’est construit autour de la bipolarité et il a été profondément marqué par l’apparition de l’arme nucléaire. 1917 n’est donc en aucune manière un événement anodin, il a eu des conséquences considérables, à la fois humaines et internationales.

 

Quelle est la place de l’Europe dans ce basculement de 1917 ? Est-ce que c’est parce qu’il y a eu la Première Guerre mondiale que la Révolution a eu lieu ?

L’Europe est un thème central de toute l’histoire de la Russie-URSS. Elle a joué un grand rôle dans la perception du monde de Lénine et des bolcheviks qui étaient convaincus que la révolution mondiale était imminente et qu’elle allait débuter en Allemagne et en Pologne. Cela ne s’est pas produit. Cet échec a poussé l’Union soviétique à se replier sur elle-même et à développer l’idée de la forteresse assiégée. Après 1945, la division de l’Europe en deux est au cœur de la Guerre froide. Le Rideau de fer construit par l’URSS isole ce qu’on appelle désormais « le camp socialiste européen » du reste du continent. En 1989-1990, ce sont les révolutions en Europe de l’est qui permettent de mettre fin à la Guerre froide : prenant acte de la décision de l’Union soviétique de ne pas avoir recours à la force et de ne pas s’opposer aux décisions prises par ses alliés/satellites d’abandonner le système sociopolitique et international de type soviétique, les pays membres de l’Alliance atlantique déclarent que l’URSS n’est plus un adversaire. Depuis plusieurs siècles, les Russes s’interrogent : leur pays est-il européen ? Ce sont les fameux débats entre les occidentalistes et les slavophiles. A cette question, certains répondent positivement. D’autres, que la Russie est un pays eurasiatique. Ces derniers ne font que constater une réalité géographique : les deux tiers du territoire russe, au-delà de l’Oural, font partie du continent asiatique. Un autre courant d’idées est né dans les années 1920 au sein de l’émigration : la Russie n’est ni l’Europe ni l’Asie, elle est l’Eurasie, elle est un continent à elle toute seule, ce qui lui confère une spécificité. Aux yeux des tenants de cette idée, ses intérêts ne s’identifient pas à ceux des pays européens. Ce courant d’idées a resurgi après l’effondrement de l’Union soviétique, à un moment où les Russes, en plein désarroi, sont en quête de nouveaux points de repère et d’une nouvelle identité. Depuis 1991, les relations entre la Russie et l’Europe ont connu des hauts et des bas. Néanmoins, le paradigme qui a longtemps fondé leurs relations, c’est qu’en dépit de divergences, elles étaient unies par des valeurs communes et des intérêts économiques convergents qui faisaient que finalement, la logique de l’association prendrait le dessus et que la Russie s’ancrerait à l’Europe. Cette grille d’analyse a volé en éclats lorsqu’en 2014, la Russie a annexé la Crimée et est intervenue dans le Donbass. Depuis, on est dans une situation extrêmement difficile. Et je suis convaincue que, tant qu’il n’y aura pas de règlement de la question ukrainienne, nous n’arriverons pas à stabiliser sur de nouvelles bases nos relations avec la Russie.

 

Finalement, ce débat a aussi marqué les États voisins puisqu’en Ukraine, des intellectuels imaginaient qu’on pouvait s’approcher de l’Europe à travers la Russie européenne et d’autres pensaient qu’il n’y avait qu’un seul choix pour s’approcher de l’Europe : c’était de tourner le dos à la Russie et de s’émanciper.

La première analyse que vous mentionnez est aujourd’hui pratiquement inversée. Si l’Ukraine réussit à mener à bien le processus de réformes dans lequel elle s’est engagée, si elle devient un pays réellement démocratique et moderne, elle deviendra un formidable pôle d’attraction dans l’espace postsoviétique, elle sera un modèle pour la Russie et pour les autres États de cette région. La question ukrainienne est essentielle : l’évolution de l’Ukraine aura un impact considérable sur celle de la Russie. Il y a là un formidable enjeu pour l’Ukraine, pour la Russie et aussi bien sûr pour l’Union européenne et sa politique de partenariat oriental.

 

Dans quelle mesure l’approche multilatérale de la politique étrangère russe, notamment aux Nations Unies, s’est-elle trouvée décrédibilisée par la crise ukrainienne ?

L’approche multilatérale tient une grande place dans la politique étrangère de la Russie. Elle est pour elle un multiplicateur d’influence, je l’ai déjà écrit en reprenant une expression de Maurice Vaïsse. Son siège de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies lui a donné une influence et un prestige qui vont bien au-delà de sa puissance réelle. Depuis 1991, dans l’espace euro-atlantique, dans l’espace post-soviétique ou en Asie, la Russie a déployé  des efforts considérables pour être présente dans les organisations et forums multilatéraux : elle attache – ou a attaché – une grande importance au fait d’être membre de l’OSCE et du Conseil de l’Europe, du G8 (jusqu’en 2014), des BRICS, de l’Organisation de coopération de Shanghai, etc, et d’avoir des coopérations avec l’Union européenne, l’Alliance atlantique et d’autres institutions. Pourquoi de tels efforts? Et avec quels résultats? Quand on parle de multilatéralisme, on se réfère à une volonté de ne pas se limiter à des relations bilatérales, on se réfère aussi à une volonté de régler collectivement des problèmes globaux. La Russie a parfois joué collectif. Cela a été le cas dans le dossier iranien : elle a joué un rôle constructif dans les négociations qui ont mené en 2015 à l’accord sur le nucléaire iranien. Mais sa politique n’a pas toujours correspondu à une volonté de gestion collective d’intérêts communs. Dans l’espace post-soviétique, l’approche multilatérale paraît être avant tout un moyen privilégié de poursuivre ses objectifs. Ainsi, aux Nations Unies, elle demande que la décision du recours à la force reste une prérogative du Conseil de sécurité. Mais ni en 2008 en Géorgie ni en 2014 en Ukraine, elle n’a demandé un vote des Nations Unies avant d’intervenir dans ces deux pays. Ce qui est par ailleurs paradoxal, c’est que la Russie souligne avec insistance le rôle du multilatéral, en particulier de l’ONU, mais qu’elle mène une politique qui, dans certains cas, contribue à marginaliser celle-ci. Le Conseil de sécurité n’a pas pu se saisir des dossiers de la Crimée et du Donbass en raison du droit de veto dont dispose la Russie. Son rôle dans le conflit syrien n’a pu être que mineur du fait des huit vetos opposés par la Russie à des résolutions sur la Syrie mises au vote depuis 2011.

 

Récemment, le représentant de l’Union européenne à Moscou a quitté ses fonctions en écrivant que « la machine du Kremlin n’a plus qu’une raison d’être : assurer des élections crédibles en 2018 pour la réélection du président Poutine »[1]. Ce ne sont pas les meilleures conditions pour les relations entre l’UE et la Russie…

La candidature de Vladimir Poutine n’a pas (encore) été annoncée officiellement, mais elle ne semble guère faire de doute. Plusieurs de ses initiatives montrent qu’il prépare cette élection qui doit se tenir en mars prochain. Sa politique étrangère fait partie des grands enjeux de sa réélection. La Guerre froide est terminée depuis 1990 et pourtant, plus le temps passe, en particulier depuis le tournant déjà évoqué de 2014, on en vient à se demander si M. Poutine n’est pas arrivé à la conclusion que la Russie (ou lui-même) a intérêt à un certain état d’affrontement avec les pays occidentaux. Un état de ce type permet en effet de faire de ces derniers des boucs émissaires et, ce faisant, d’expliquer les difficultés internes. Or celles-ci sont nombreuses : la Russie, qui continue à avoir une économie de rente, a un urgent besoin d’investissements et de réformes. La place considérable des hydrocarbures dans son économie est une source de vulnérabilités. Les autorités russes sont conscientes depuis plusieurs années de la nécessité d’engager des réformes structurelles. Mais, entre le discours et la réalité, il y a un immense décalage. La politique menée n’a pas permis à l’économie russe de se moderniser et de combler le retard, en particulier technologique, dont elle souffre par rapport aux économies occidentales. Les dirigeants russes parviennent à projeter l’image d’une Russie puissante – nos médias parlent fréquemment du « retour de la puissance russe » –, mais la politique qu’ils mènent ne va pas dans ce sens. La Russie est confrontée à des problèmes internes très sérieux et M. Poutine ne fait pas grand-chose pour les régler.

 

Du point de vue militaire, on observe une modernisation des forces armées russes et, en même temps, l’industrie de défense a des faiblesses pour la soutenir. Cela doit peser nécessairement sur l’efficacité de l’outil diplomatique ?

Ce que vous décrivez est très intéressant : on se retrouve dans le même schéma que du temps de l’Union soviétique. Priorité était alors donnée à la puissance militaire, au détriment de l’économie et du social. L’URSS était une « puissance pauvre » (l’expression est de Georges Sokoloff), une puissance déséquilibrée. A la fin des années 1980 et au début des années 1990, Mikhaïl Gorbatchev puis Boris Eltsine ont voulu rompre avec la politique d’allocation des ressources menée pendant des décennies. Leur objectif a été de stopper la course aux armements (que l’URSS, puis la Russie n’avaient de toutes les façons plus les moyens de continuer), de donner la priorité au relèvement interne du pays, de devenir une puissance qui serait liée, déclare alors Andreï Kozyrev, ministre des Affaires étrangères de Boris Eltsine, à la solidité de ses « positions dans l’économie, la science et la culture mondiale ainsi que [celles acquises] grâce au niveau et à la qualité de vie de ses citoyens ». Des objectifs qui allaient de pair avec une volonté d’ancrage à la communauté euro-atlantique. Au début des années 90, Boris Eltsine et Andreï Kozyrev considéraient les pays occidentaux comme les « vrais amis » de la Russie et des « modèles » pour sa politique de transition vers la démocratie et l’économie de marché. Nous sommes aujourd’hui bien loin de ce discours ! Et le Kremlin semble à nouveau vouloir donner la priorité à l’outil militaire et aux rapports de force.

 

A côté de ses efforts de modernisation militaire, la Russie est engagée dans des actions au sein du cyberespace. Comment voyez-vous cela dans l’ensemble de sa politique étrangère ?

Ces actions relèvent de ce qu’on appelle la guerre de l’information. Les dirigeants russes appuient depuis plusieurs années leurs politiques sur la construction et la diffusion, parfois massive, de narratifs dont certains ont envahi les pays occidentaux. L’un des résultats est que la Russie est aujourd’hui, en France et dans d’autres pays, une question très clivante, y compris dans les milieux politiques. On a pu le constater en France lors de la campagne électorale avant les présidentielles de mai 2017. La Russie suscite même de vifs débats au sein des milieux universitaires.

 

Dans ce tableau, il y a peut-être un espoir dans la jeunesse que l’on voit aujourd’hui s’exprimer et manifester en tant que classe moyenne. Quelle est votre appréciation sur l’émergence de cette nouvelle génération ?

Lors des récentes manifestations qui ont eu lieu en Russie, on a vu beaucoup de jeunes et même de très jeunes. Leur dynamisme confirme que le président Poutine, s’il continue à jouir d’une grande popularité, ne fait pas l’unanimité : la Russie est plurielle. Ceci étant, le facteur générationnel n’est pas le seul à prendre en compte. J’ai constaté à maintes reprises que certains jeunes russes qui viennent faire des études en France ont du mal à faire preuve d’esprit critique par rapport à ce qu’ils entendent. A l’inverse, certains Russes d’une autre génération qui ont vécu une grande partie de leur existence du temps de l’Union soviétique sont très ouverts et ont une capacité d’analyse qui est exceptionnelle. Ce qui me paraît le plus important pour l’avenir de nos relations avec la Russie, c’est de créer, autant que faire se peut, des liens au niveau des sociétés, en particulier mais pas seulement au niveau des jeunes. C’est l’objectif du “dialogue de Trianon” entre les sociétés civiles, que M. Macron veut mettre en place. Dialoguer permet de maintenir le contact et de préparer le terrain pour le jour où les relations avec la Russie auront enfin évolué.

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