Tribulations chinoises en Méditerranée…

Mis en ligne le 16 Jan 2018

Cet article analyse la nouvelle donne stratégique en Méditerranée, sur fond de recomposition d’alliance, d’élargissement du jeu des Puissances et de montée des menaces. L’auteur décrit notamment les ambitions stratégiques de trois puissances extérieures, singulièrement celles de la Chine, présente à Djibouti et soucieuse d’ajouter une nouvelle « perle » méditerranéenne au « Collier » visant à garantir la sécurité de ses voies d’approvisionnement maritimes. L’auteur propose enfin des axes de reconfiguration pour les dispositifs de défense et de sécurité des puissances méditerranéennes occidentales.


Les opinions exprimées dans cet article n’engagent pas le CSFRS.

Les références originales de ce texte sont: Roxana Cristea « Tribulations chinoises en Méditerranée » , Sécurité globale, Mars 2017

Ce texte,ainsi que d’autres publications, peuvent être visionnées sur le site de l’éditeur Eska


Tribulations chinoises en Méditerranée…

« La Méditerranée, la mer bleue par excellence, la “grande mer” des Hébreux, la “mer”des Grecs, le mare nostrum des Romains, bordée d’orangers, d’aloès, de cactus, de pins maritimes, embaumée du parfum des myrtes, encadrée de rudes montagnes, saturée d’un air pur et transparent, mais incessamment travaillée par les feux de la terre, est un véritable champ de bataille où Neptune et Pluton se disputent encore l’empire du monde ». Jules Verne – Vingt mille lieues sous les mers, 1870».

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En octobre 2013, un rapport interne de la Marine nationale française – Ambitions stratégiques américaines, britanniques et russes en Méditerranée[1] – se terminait sur deux constats principaux : le format euromed n’est plus adapté aux enjeux actuels, nécessitant l’adoption raisonnée d’un format euroafricain élargie à la bande sahélosaharienne et aux pays d’Afrique de l’ouest, format susceptible de favoriser une coopération tripartite Union européenne/Union africaine/Ligue arabe, appuyée par les Nations unies ; enfin, la prise en compte – pleine et entière – de l’affirmation confirmée de deux nouvelles « puissances méditerranéennes » : la Russie et, dans une moindre mesure, la Chine.
Avec une Syrie dont la reconstruction se fera principalement sous la tutelle de la Russie, avec le support de la Chine et de l’Iran ; avec la consolidation du port militaire russe de Tartous (Syrie) et l’installation d’une base maritime chinoise dans le même complexe portuaire ; avec la circulation accrue de bâtiments militaires russes et chinois dans l’ensemble de la Méditerranée, cette mer stratégique n’est plus le monopole des puissances occidentales. Les transits économiques entre Suez et Gibraltar – traditionnellement sécurisés par les marines nationales française, britannique et américaine depuis la fin de la Seconde guerre mondiale –, doivent désormais s’effectuer en présence des marines hauturières russe et chinoise. L’affirmation progressive d’une autonomie de la marine turque vis-à-vis de l’OTAN et les derniers essais de missiles de croisière par la marine algérienne viennent compléter le panorama et un constat stratégique majeur : la Méditerranée n’est plus une mer occidentale !
Bien que l’hypothèse d’une éventuelle réconciliation Erdogan/Bachar al-Assad sous l’égide de Vladimir Poutine rencontre encore des difficultés de terrain sur les différents théâtres de la guerre civilo-globale syrienne[2], le processus est amorcé et modifie l’engagement et le rôle des puissances régionales. Cette évolution façonne l’un des rouages de la nouvelle donne stratégique en cours : une Méditerranée orientale partagée, sinon disputée ; une Méditerranée occidentale en crise durable ; enfin, un rôle accru des villes portuaires et des « niches de puissance ».

 

Méditerranée orientale partagée

 

Au cours des semaines qui ont précédé le dernier sommet de l’OTAN à Varsovie (8 et 9 juillet 2016), Ankara a provoqué la surprise générale en s’opposant à une proposition américaine visant à constituer une force navale de l’Alliance Atlantique en mer Noire afin de répondre aux nouveaux dispositifs de projection russe à partir du port de Sébastopol. Pour Ankara, la proposition américaine constituait une violation flagrante des dispositions de la Convention de Montreux de 1936. Celle-ci reconnaît à la Turquie un contrôle sur les détroits du Bosphore et des Dardanelles et régit les règles de navigation en mer Noire. Le texte limite à 21 jours la présence de navires de guerre étrangers dans la zone.

En proposant aux pays riverains dont la Turquie, la Roumanie et la Bulgarie la formation de cette flotte intégrée sous la bannière de l’OTAN, Washington cherchait à endiguer le nouveau dispositif naval de Moscou dans cette mer transformée en « lac russe », selon les propres termes du président turc. Après d’âpres négociations avec Moscou sur une présence massive de sa flotte en mer Noire, le revirement d’Ankara a été relaté en détail par le journal turc Hürriyet Daily News. Le quotidien soulignait déjà, en juin 2016, un rééquilibrage inédit de la politique étrangère turque sur fond de tensions grandissantes avec les États-Unis et une volonté affichée de normalisation avec la Russie.
Le 3 septembre 2013, alors que Paris, Washington et Londres déclaraient vouloir bombarder la Syrie – suite à l’usage supposé d’armes chimiques dans la Ghouta (banlieue de Damas) par l’armée gouvernementale syrienne le mois précédent –, trois missiles anti-missiles sont tirés à partir de deux bases de l’OTAN en Italie. Ceux-ci sont neutralisés à partir d’une station radar russe de mer Noire et d’une frégate russe de premier rang croisant au large des côtes syriennes.

Durant les mois qui suivent, plusieurs unités de pays membres de l’OTAN (dont la France), se relaient en mer Noire en se conformant au délai de 21 jours de présence. Dans le même temps, un sousmarin nucléaire d’attaque (SNA) russe est repéré au large de la rade de Toulon. La partie de cache-cache a duré plusieurs semaines.

Si des missions de l’escadre de mer Noire sont désormais monnaie courante le long des côtes syriennes, ainsi qu’entre Chypre et le Liban, des incursions sous-marines russes sont régulièrement détectées aussi en Méditerranée occidentale entre les côtes italiennes, françaises et espagnoles. Les bâtiments engagés ont la possibilité de se réapprovisionner dans la base algérienne de Mers el-Kébir pouvant ainsi se projeter au delà du détroit de Gibraltar. La marine algérienne reste essentiellement équipée de matériels russes et les deux pays sont liés par des accords de défense. Au sortir de la mer Noire, le principal point d’appui russe demeure le port syrien de Tartous qui, au fil des années, s’est transformé en complexe inter-armées. Désormais, cette base abriterait jusqu’à 3 800 militaires russes. Dès octobre 2016, le même complexe portuaire a accueilli deux barges de construction du génie chinois et plusieurs dizaines d’ingénieurs et de techniciens en infrastructures portuaires. Ces derniers sont chargées d’aménager une digue et une passe en eaux profondes, des postes de « refueling» pour frégates lourdes et sous-marins, ainsi qu’une base vie d’une capacité de plusieurs milliers d’hommes selon les mêmes critères qui sont en train d’être achevés à Djibouti.

Il y a un an et demi, deux frégates chinoises de premier rang et un ravitailleur ont franchi le canal de Suez et relié, durant plusieurs mois, différents ports de Méditerranée orientale et occidentale avant de franchir le détroit de Gibraltar. A son retour, ce groupe naval a effectué une escale diplomatique en rade de Toulon, de même qu’en Italie, en Grèce et en Turquie avant de reprendre la route de Suez pour rejoindre Djibouti et l’océan Indien.

Un dernier événement cristallise les ambitions maritimes régionales et internationales : la découverte et la mise en exploitation de plusieurs blocs d’hydrocarbures entre Chypre, l’Egypte, Israël et le Liban. Si les trois premiers pays ont trouvé un accord pour exploiter ces ressources prometteuses, les eaux libanaises sont, quant à elles, régulièrement violées voire progressivement grignotées par le voisin israélien, une crise politique et institutionnelle récurrente monopolisant les énergies du Pays du Cèdre vers d’autres priorités.

 

Méditerranée occidentale en crise

 

Déclenchée par Nicolas Sarkozy et David Cameron, puis relayée par l’OTAN à partir d’une interprétation partielle et partiale de la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies, l’intervention militaire en Libye de mars 2011 a précipité trois dynamiques de crise. Laissant place à des groupes salafo-jihadistes et des factions mafieuses, la destruction des structures régaliennes libyennes a favorisé la jonction morbide d’une série d’États faillis allant de l’Atlantique à la Corne de l’Afrique. Ce couloir de criminalité, qui emprunte la bande sahélo-saharienne, est mis à profit par les cartels latinos de la cocaïne (colombiens, vénézuéliens et brésiliens) qui disposent de têtes aéroportuaires en Afrique de l’ouest, notamment en Sierra Leone, en Gambie, en Guinée Conakry et Guinée Equatoriale. A partir de ces appuis côtiers, les flux de drogue remontent vers le nord pour aboutir au Maroc, en Tunisie et en Libye avant de traverser la Méditerranée pour se répandre dans l’ensemble des pays riverains de la Méditerranée et d’Europe centrale.

La menace terroriste a, elle-aussi été confortée et amplifiée par l’implosion de la Libye. Même se elle continue de subir d’importants revers, l’organisation « État islamique » (Dae’ch) a, ainsi pu s’installer à 500 kilomètres des côtes européennes. Nombre d’autres groupes jihadistes soutenus par l’Arabie saoudite et le Qatar se sont multipliés, installant des camps d’accueil et de formation dans « la Libye faillie », particulièrement dans le Fezzan (au sud), le long d’une ligne reliant les villes de Sebbah à Gât (à proximité de la frontière algérienne/hauteur de Djanet). De ces sanctuaires du sud-libyens, les jihadistes peuvent irriguer l’ensemble des pays de la région, tout particulièrement le Mali, le Niger et le Burkina-Faso, organisant aussi des filières à destination du désert du Sinaï, de Syrie et d’Irak. Des jonctions opérationnelles avec Boko-Haram et les Shebabsomaliens pouvant s’effectuer ponctuellement.

Dans ce contexte, l’hypothèse d’un « Bataclan flottant », qui verrait des jihadistes cibler des bateaux de croisière ou armer des embarcations en vue d’attaques-suicides – en haute mer ou dans des ports –, n’est plus à exclure. Ces différentes menaces sont d’autant plus préoccupantes qu’elles se diluent dans les flux croissants de réfugiés qui fuient les guerres d’Afghanistan, du Proche-Orient et d’Afrique, mais aussi des contextes économiques où la survie devient de plus en plus difficile.

La Méditerranée occidentale est, ainsi devenue le creuset de l’une des crises migratoires les plus importantes depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Et ce ne sont pas les opérations Triton et autres dispositifs Frontex[3] qui peuvent apporter des réponses pertinentes et durables à cette crise qui devrait être traitée en amont par l’UE, mais aussi la Ligue arabe, l’Union africaine et les autres structures régionales africaines.

Hormis une progressive montée en puissance de la marine algérienne favorisée par Moscou, ces différentes crises structurelles, qui affectent la Méditerranée occidentale,mobilisent d’importantes ressources budgétaires et de nombreux moyens opérationnels au détriment des autres enjeux stratégiques qui concernent la sécurité de la totalité de la masse d’eau, du canal de Suez au détroit de Gibraltar.

Enjeux portuaires et niches
de puissance

 

Face à cette montée des périls en Méditerranée, plusieurs initiatives multilatérales ont successivement marqué le pas : le Partenariat Euromed dit Processus de Barcelone (1995) et l’Union pour la Méditerranée (juillet 2008). Ces fabrications institutionnelles ont clairement été empêchées par trois conflits politiques majeurs et récurrents : conflit israélo-palestinien (depuis 1948) ;occupation du nord de Chypre par la Turquie (1974) ; enfin, conflit du Sahara occidental, revendiqué à la fois par le Maroc et la République arabe sahraouie démocratique (RASD, proclamée par le Front Polisario (1976), soutenue par l’Algérie. Ce dernier théâtre continue à peser sur une relation bilatérale maroco-algérienne restant difficile, tout en empêchant l’émergence de l’Union du Maghreb arabe (UMA), serpent de mer improbable.
Ultérieurement, plusieurs initiatives de la société civile ont vu le jour, comme la Fondation euro-méditerranéenne Anna Lindt[4] pour le dialogue des cultures méditerranéennes. Instituée par l’UE et les pays du pourtour méditerranéen, cette entité se concentre sur le rôle primordial du dialogue interculturel afin de promouvoir une coexistence paisible dans la région. Le Processus de Barcelone a reconnu la Fondation Anna Lindh en 2005 afin de soutenir des organisations et des individus travaillant à la promotion du dialogue, avec l’objectif politique de faire de la région Euro-Méditerranéenne une « aire de coopération, d’échange, de mobilité, de compréhension mutuelle et de paix ». Mais là encore, ces différentes initiatives n’ont pu s’imposer significativement face aux différents conflits continuant à menacer la paix et la stabilité en Méditerranée.

Parallèlement, un troisième type d’initiatives tentait de relancer des efforts de négociations diplomatiques « par le bas », c’est-à-dire en partant des collectivités territoriales et locales (régions et villes portuaires). Marseille, Barcelone, Tunis, Athènes et Beyrouth ont lancé différents programmes dont certains perdurent aujourd’hui.
Sur ce terrain, la Principauté de Monaco peut se féliciter d’une réelle antériorité, notamment à travers ses initiatives environnementales pour promouvoir les « aires marines protégées ».

Mais c’est sur le plan économique, que se heurtent de nouvelles ambitions où l’on retrouve les intérêts de l’Empire du milieu. Depuis l’arrivée de Xi Jinping à la présidence de la République populaire de Chine en 2013, on assiste à une montée en puissance des investissements, des prises de participations et de formation de partenariats pour le développement d’une dizaine de ports du pourtour méditerranéen, dont celui du Pirée en Grèce (2013) et celui de Cherchell en Algérie (janvier 2016). Sont également ciblés Port-Saïd et Alexandrie en Egypte, les ports d’Ashdod et de Haïfa en Israël, le terminal Kumport du port Ambarli d’Istanbul, ainsi que plusieurs terminaux dans les ports de Naples et de Gêne.

Pékin montre aussi son intérêt pour plusieurs ports du Portugal. Ces initiatives cherchent à associer le plus de pays possibles aux stratégies dites des « Routes de la soie » et du « Collier de perles», dont l’épicentre devrait se cristalliser dans la région de Venise en passant notamment par la Grèce, l’Italie, voire l’Espagne.

Ces mécanismes de coopération multilatérale visent clairement l’Europe du sud en contournant soigneusement les puissances méditerranéennes traditionnelles que sont la Grande Bretagne et la France. Depuis 2013, la Chine a, ainsi lancé plusieurs initiatives : à Rome en février 2013, Pékin a organisé pour la première fois une conférence réunissant les représentants des ministères de l’Agriculture de six pays d’Europe du sud – Italie, Espagne, Portugal, Grèce, Chypre et Malte – afin de renforcer la coopération dans les domaines de l’agroalimentaire et de la pêche. En novembre 2015 à Xiamen (sud-est de la Chine), l’Administration océanique d’État et le ministère des Affaires étrangères ont invité les six mêmes pays afin de développer des partenariats de « coopération maritime globale». Ce renforcement de coopération maritime avec l’Europe du sud vise l’installation du pan maritime du 21st-Century Maritime Silk Road de son plan des Nouvelles routes de la soie One Belt-One Road. A ce stade, il s’agit moins, semble-t-il, de développer une stratégie spécifique en Méditerranée que de préparer la zone à une internationalisation, sinon un partage de ses priorités, les décideurs chinois parlant davantage de l’Europe du sud que de la Méditerranée comme telle.
A terme, il s’agit au-delà d’une implantation strictement économique de jeter les bases de futures niches ou « hub » de puissance, susceptibles d’accompagner la progression du Collier de perles.

En effet, parallèlement aux implantations économiques chinoises, ou plutôt dans leur sillage, s’opère toujours – à plus ou moins longue échéance – un continuum civilomilitaire justifié par la sécurisation des intérêts nouvellement déployés. Ainsi, d’importants exercices militaires ont été menés conjointement avec la marine russe en Méditerranée orientale en mai 2015.  Dans ce cadre civilo-militaire, Pékin cherche à professionnaliser sa propre marine pour rattraper son retard et s’imposer comme une « puissance maritime » à part entière, comme l’a proclamé à plusieurs reprises Xi Jinping. En septembre 2016, la Russie et la Chine ont conduit, également des manœuvres communes en mer de Chine du Sud.

En 2011, lors de l’intervention occidentale en Libye, la Chine a dû évacuer plusieurs dizaines de milliers de ses ressortissants,environ 60 000. En mars 2015, elle a aussi exfiltré plusieurs centaines de ses nationaux du Yémen. Par ailleurs, la présence de quelques 3 000 combattants Ouïgours engagés dans les katiba du Front Al-Nosra à l’ouest d’Alep (gouvernorat d’Idlib, notamment dans la région de Jisr al-Choghour sur l’Oronte)[5] pose de sérieuses questions aux autorités de Pékin quant au retour probable en Chine de nombre de ces djihadistes.
Toujours est-il que ces deux opérations d’évacuation et l’avenir des jihadistes ouïgours engagés en Syrie ont persuadé la marine chinoise qu’elle devait disposer de points d’appui opérationnels en Méditerranée. Son installation à Tartous s’inscrit dans cette perspective. Celle-ci vise moins une compétition frontale avec les vieilles puissances maritimes méditerranéennes – États-Unis, Grande Bretagne et France –, qu’un déploiement préventif qui s’intègre dans ses stratégies des nouvelles Routes de la soie et du Collier de perles. Cette installation de la marine de guerre chinoise en Méditerranée semble organiquement liée, sinon l’une des conséquences symétriques liées au projet hégémonique que Pékin nourrit sur le port-monde de Djibouti.

 

Le Potlatch djiboutien

 

La stratégie dite du Collier de perles cherche essentiellement à garantir la sécurité des voies d’approvisionnement maritimes de la Chine jusqu’aux Proche et Moyen-Orient. Dès le début des années 2000, Pékin a adopté cette feuille de route afin de garantir sa liberté d’action commerciale et militaire. Elle consiste dans le rachat ou la location d’installations portuaires, ferroviaires et aériennes échelonnées jusqu’à Port Soudan. Elle a aussi pour but d’encercler l’Inde par des ports au Sri Lanka, au Pakistan, en Birmanie et au Bangladesh. Le terme a été utilisé
pour la première fois en 2005 dans un rapport interne du département d’État américain titré « Energy Futures in Asia ».

En janvier 2005, le Washington Times révélait l’existence d’un rapport classifié à destination de Donald Rumsfeld, secrétaire d’État à la Défense, qui identifiait une stratégie navale chinoise basée sur un réseaude ports militaires et d’appuis logistiques avec ses partenaires, depuis la mer de Chine au Moyen-Orient, afin d’assurer ses approvisionnements énergétiques. Rapidement repris par les médias américains, ce rapport popularise l’image du « Collier de perles » pour décrire ce réseau de bases et de points d’appui considérant la Méditerranée comme un ensemble de « niches de puissance » et de projection vers les Atlantique nord et sud. Pékin a déjà entrepris des avancées similaires en direction du Grandnord arctique[6], très précisément au Groenland dont les côtes et le sous-sol regorgent de ressources naturelles.

Les États-Unis et la Japon sont particulièrement préoccupés par cette stratégie fondée sur le développement d’une marine hauturière à prétention globale. La remise en état du Varyag, un porte-avions acheté à l’Ukraine, la mise en chantier de deux porte-avions supplémentaires et l’accroissement rapide des effectifs de la PLAN (People Liberation Army Navy) en sont des témoignages. En 2010, la PLAN dénombrait 225 000 hommes et disposait de 58 sousmarins, dont 6 nucléaires, plus de 50 frégates et 27 destroyers. Cet essor de la PLAN rappelle ainsi que la Chine, au-delà de son ancrage continental, est aussi un pays à vocation maritime possédant près de 18 000km de côtes, cherchant à exercer sa souveraineté sur plus de 5 000 îles et îlots. C’est à partir de ces îles et îlots – autant de perles – que Pékin cherche à développer ainsi sa stratégie navale et faire comme la Grande Bretagne et la France : s’appuyer sur les Outre-mer comme base de puissance et de projection en construisant ou investissant des ports existants jusqu’en Méditerranée, en passant par le détroit d’Ormuz, l’océan Indien et les côtes orientales de l’Afrique. Cette stratégie comporte deux volets. « Le premier consiste à établir des bases sur des territoires insulaires situés à l’intérieur de la première ligne d’îles définie par Liu Huaqing. A titre d’exemple, Pékin a construit une garnison sur les îles Paracels comprenant un détachement de l’infanterie de marine.

L’île Woody, dans le même archipel, accueille des avions de patrouille maritime. L’île d’Hainan, obtenue par les Chinois au détriment des Vietnamiens, est devenue la base des sous-marins nucléaires. Quant à l’îlot de Fiery Cross, il dispose d’installations permettant d’accueillir les plus gros hélicoptère chinois. Enfin, en ce qui concerne l’îlot de Mischief, des images satellites de 2007 montrent diverses plateformes et structures utilisables à des fins militaires. La Chine développe ainsi « des perles » dans ce qu’elle considère comme sasphère d’influence », explique Jérôme Lacroix-Leclair.[7] Ensuite, Pékin cherche à accéder à de bases navales au Pakistan, en Birmanie et au Bangladesh. D’autres implantations sont en cours de négociation : Salalah à Oman, Aden au Yémen, Karachi au Pakistan et plus particulièrement le Sri Lanka, Singapour et Djibouti,. Des tractations sont en cours avec la Thaïlande afin que la Chine construise un canal au travers de l’isthme de Kra pour s’affranchir du problème posé par un éventuel blocus du détroit de Malacca. Dans la région de ce détroit Pékin vise surtout l’île de Hainggyi dont le contrôle lui permettrait de sécuriser 80% du passage de ses importations de pétrole.

S’appuyant sur des implantations insulaires, la stratégie chinoise s’étend aussi vers l’Océan indien. De nombreuses îles – comme les Seychelles et les Maldives qui ont reçu la visite de Hu Jintao – suscitent l’intérêt de Pékin qui y voit peut-être la possibilité de développer un dispositif comparable à la base américaine de Diego Garcia. Toutefois, jusqu’à présent, aucun accord militaire officiel n’a été ratifié même si des rumeurs circulent sur la construction d’une base de sous-marins à Marao à 40km au sud de la capitale des Maldives et louée aux Chinois pour 25 ans. Et c’est essentiellement sur Djibouti que Pékin concentre désormais l’essentiel de son effort stratégique dans l’océan Indien.

Bien que rarement affiché comme tel, l’objectif est bien de pouvoir rayonner sur l’ensemble de l’océan Indien à l’extrémité du rayon d’action classique des forces armées chinoises. Au-delà du canal de Suez, le prochain « clic perlier » concerne la Méditerranée avec une installation – actuellement en chantier – dans le dispositif portuaire russe de Tartous en Syrie.
Les Chinois rendront-ils la politesse aux Russes en leur permettant d’accéder à leur base navale de Djibouti ? Officiellement, c’est exclu. Farouchement intransigeant en matière de souveraineté nationale, les autorités djiboutiennes ont passé des accords – excluant toute implantation russe – avec les États-Unis notamment, qui disposent aussi d’une importante base (2 000 hommes) depuis les attentats du 11 septembre 2001. La clef de cette question d’avenir repose, sans doute, sur l’évolution du développement économique et de la dette djiboutienne.

Entre 2014 et 2017, l’endettement de l’État djiboutien envers les bailleurs de fonds privés chinois est passé de 40% à 80%. Très habilement, Djibouti a créé une holding pour privatiser et coter en bourse ses emprunts afin de désengager partiellement l’État qui mise, par ailleurs, sur la poursuite d’un taux annuel de croissance de plus de 7%. Ce dispositif sera-t-il efficace pour faire face aux échéances d’un remboursement qui doit commencer cette année sous les regards attentifs du FMI et des experts des Nations unies ? Dans ce contexte, la base militaire chinoise entrera en fonction en novembre prochain. Selon différentes expertises ses capacités d’accueil varient entre plusieurs centaines et milliers d’hommes (jusqu’à 10 000), trois cents mètres de quai pourraient lui être dédiés dans le nouveau port de Doraleh, tandis que les autorités confirment avec insistance que les bateaux militaires chinois utiliseront, comme les autres marines de guerres présentes, des quais demeurant sous autorité et gestion djiboutiennes. Deux frégates chinoises croisent déjà en permanence dans la zone.

A quoi va servir cette base chinoise ? Sa première mission consistera à sécuriser les flux maritimes vitaux pour l’économie chinoise. L’autre fonction, plus hypothétique, viserait la formation des armées de la région (forces djiboutiennes dont un important contingent – près de la moitié des effectifs – fait déjà partie de la force des Nations unies en Somalie (AMISOM)[8]. Comme le dit un proverbe mandarin : « le boeuf et lent et la terre est patiente », ces missions étant appelées à évoluer dans le temps et en fonction des évolutions stratégiques régionales et internationales.Toujours est-il que contrairement aux Américains qui vivent en vase clos dans leur base, les Chinois commencent à apparaître dans le paysage djiboutien. Comme le millier de militaires français, qui vivent avec leur famille en immersion dans la société djiboutienne, les Chinois sont de plus en plus visibles dans les restaurants et commerces de la cité portuaire. Des projets d’installation d’un Institut Confucius circulent, tandis que la radio francophone RCI (Radio Chine Internationale) joue à plein sa fonction d’influence et de soft-power. En comparaison, Radio France Internationale(RFI), qui confond trop souvent information et militantisme droit-de-l’hommiste, n’est plus captable à Djibouti.

Mais le symptôme le plus parlant des tribulations chinoises est certainement l’ouverture de la Silk-Road-Bank – la banque de la Route de la soie – qui permet désormais échanges et fluidité directe du francdjiboutien au yuan-chinois. Et la construction de la zone de libre-échange de Doraleh – dont les investisseurs sont majoritairement chinois – esquisse un avenir qui se projettent différemment selon les intérêts des uns et des autres. Les Djiboutiens rêvent de transformer leur pays en un hub de puissance globale, une espèce de Dubaïalliant la prospérité économique à la sécurité locale et régionale. Les Chinois pensent-ils davantage au modèle de Hong Kong ou Macao ? Une plate-forme conçue non seulement comme l’une des nouvelles perles de leur collier stratégique, mais aussi comme une base de puissance visant l’ensemble de l’Est-africain et des prolongements méditerranéens déjà en chantier ? L’avenir n’est pas écrit… et la mer est patiente ! Toujours est-il que le développement de la marine chinoise n’en est certainement qu’à ses débuts et le potlatch djiboutien constitue sans doute l’une de ses manifestations les plus spectaculaires. Cette dynamique maritime tire dans son sillage la flotte indien qui redoute l’expansion chinoise et cherche elle-aussi à développer une marine hauturière. Enfin, elle inspire également les ambitions de Téhéran qui cherche aussi des débouchés en Méditerranée.

 

Tribulations iraniennes

 

A l’occasion du premier anniversaire de l’entrée en vigueur de l’accord sur le dossier nucléaire, le président Hassan Rohani a donné une conférence de presse en juillet 2016, annonçant la création d’un réseau de téléphonie mobile et d’un terminal pétrolier en Syrie dans le cadre d’une série d’accords de coopération signés lors de la visite à Téhéran du Premier ministre syrien Imad Khamis. L’Iran et la Syrie ont conclu cinq accords concernant l’octroi d’une licence à un opérateur iranien de téléphonie mobile, la cession de 5 000 hectares pour créer un terminal pétrolier et de 5.000 autres hectares de terres agricoles en Syrie.

« L’Iran soutient le gouvernement et le peuple syriens », a déclaré Es-Hagh Jahanguiri, le premier vice-président iranien lors d’une conférence de presse commune avec M.Khamis. « Les récentes victoires en Syrie (dont la reconquête d’Alep) sont dues aux exploits et à la résistance du peuple, de l’armée syrienne, des forces de la résistance et de la coopération politique sur le terrain entre l’Iran et la Syrie », a ajouté M. Jahanguiri. La visite de M. Khamis ouvre « une nouvelle page pour les activités économiques entre les deux pays », a-t-il conclu.

L’un des cinq accords prévoit que l’Iran exploitera les mines de phosphate d’Al-Shargiya, situées à une cinquantaine de kilomètres au sud de la ville antique de Palmyre, tombée aux mains du groupe État islamique en 2015. M. Khamis a précisé qu’un sixième accord était en préparation pour « des investissements iraniens dans l’un des ports syriens », sans donner plus de précisions, les Gardiens de la Révolution ayant exprimé, à plusieurs reprises, leur volonté de « disposer d’une façade maritime opérationnelle en Méditerranée ».

Le Premier ministre, à la tête d’une importante délégation économique, devait également s’entretenir avec Ali Shamkhani, secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale (CSSN) chargé de la coordination des actions politiques, sécuritaires et militaires avec la Russie et la Syrie. L’Iran demeure le principal soutien régional de la Syrie. Téhéran apporte une aide financière, politique et militaire à l’armée syrienne en envoyant notamment sur place des « conseillers militaires » et des « volontaires » qui se battent contre les groupes rebelles armés.

L’Iran parraine également aux côtés de la Russie et de la Turquie les négociations d’Astana (la quatrième session devant avoir lieu en mai 2017) pour un règlement du conflit en Syrie. Cette initiative tripartite intervient sur fond de désengagement des États-Unis du dossier syrien et après la victoire hautement symbolique du régime de Bachar al-Assad qui a repris le contrôle total d’Alep au terme de quatre ans de combats acharnés. « Ce qui est important, est bien que les groupes (rebelles) actifs en Syrie ont accepté l’invitation de ces trois pays co-organisateurs du sommet d’Astana pour négocier… Ce qui signifie que le premier pas a été réussi », a expliqué le président iranien Hassan Rohani à propos de ces pourparlers, lors d’une conférence de presse à Téhéran en mars 2017. Selon lui, le processus d’Astana doit permettre à ces groupes « de s’entendre avec le gouvernement syrien sur les premières questions militaires à régler. Si cela se confirme, il faudra poursuivre pour que ces convergences permettent d’aborder les dossiers politiques qui conditionnent l’avenir de la région ».

« L’Iran veut que le cessez-le-feu se consolide et perdure pour que les négociations évoluent dans la bonne direction afin que l’offensive contre Dae’ch et le Front Al- Nosra se poursuive jusqu’à ce que la Syrie parvienne à une stabilité et une paix débouchant sur la tenue d’une véritable élection», a-t-il conclu, réaffirmant qu’il faudrait compter avec Téhéran pour la reconstruction politique et économique de la Syrie. S’inquiétant des développements israéliens offshore en Méditerranée, le président iranien a clairement laissé entendre que l’effort de guerre entrepris en Syrie devrait  durer afin de prendre en compte ces nouvelles évolutions méditerranéennes.

 

Coopérations renforcées
en méditerranée globale

 

Partant du constat que « la Méditerranée n’est plus une mer occidentale », que la Russie s’installe durablement – à partir de la mer Noire – dans sa partie orientale ; que la Chine ambitionne d’y façonner une nouvelle « perle » entre Djibouti et le détroit de Gibraltar ; enfin, que Téhéran y projette aussi des points d’appuis économiques, sinon militaires, les puissances méditerranéennes
devront y reconfigurer leurs dispositifs de défense et de sécurité. Cette perspective peut difficilement s’envisager de manière verticale et purement nationale afin de mettre en chantier des coopérations dans trois perspectives principales.

La première concerne d’abord les marines nationales française et britannique qui ont déjà entrepris les ajustements nécessaires face aux nouvelles implantations portuaires en Méditerranée de la Russie et de la Chine. Pour être efficaces et durables, ces dernières devraient chercher aussi à renforcer et diversifier  leurs coopérations en matière de contre-terrorisme et de lutte contre les flux criminels (migrations illicites, trafics d’armes, de drogues et d’êtres humains), sinon œuvrer à un nouveau système de sécurité collective pour l’ensemble de la Méditerranée. Il est certain que le Brexit et les difficultés budgétaires de la France ne favorisent une telle entreprise qui nécessite impérativement la définition de priorités, sinon l’adoption d’une feuille de route opérationnelle.

Clairement politique, cette volonté n’ira pas sans une remise à plat des orientations diplomatiques européennes actuelles à l’encontre de la Russie : sanctions économiques, redéploiements militaires en Pologne et dans les Pays baltes notamment. Malheureusement, les conclusions du dernier sommet de l’OTAN à Varsovie en juillet 2017 – dont la poursuite du programme de bouclier anti-missile – ne vont pas dans ce sens !

Par conséquent, la deuxième perspective porte sur l’effort de refondation d’une diplomatie  multilatérale adaptée aux enjeux méditerranéens. Si le modèle 5 plus 5 de la Méditerranée occidentale (Portugal, Espagne, Malte, Italie, France/Mauritanie,Maroc, Tunisie, Algérie, Libye) a montré ses limites, sa méthode des petits pas pourrait, à terme, inspirer un système régional de sécurité collective élargi à l’ensemble de la zone euro-Méditerranée-Afrique, associant non seulement l’UE et l’UA, mais aussi la Ligue arabe, les Nations unies et les organisations régionales. « Nous ne serons pas capables de faire face seuls à tous les enjeux maritimes (…) Cette coopération nous oblige à regarder le monde tel qu’il est. Partout, nous avons renforcé des liens avec nos principaux partenaires », constate l’amiral Bernard Rogel.[9]  La poursuite de ces coopérations inter-marines et la mise en place d’un « laboratoire méditerranéen » englobant la bande sahélo-saharienne et la Corne de l’Afrique jusqu’à Djibouti est une grande ambition qui nécessite des dirigeants politiques à la hauteur de l’enjeu.

En attendant, une troisième perspective concerne la mise en place de « coopérations renforcées » à l’image de ce que l’UE a été incapable de faire, à savoir des programmes à la carte, selon l’intérêt des États riverains décidant de participer ou non. Si les États demeurent indispensables à cet organon, les capacités diplomatiques des villes portuaires s’avèrent, d’ores et déjà, des outils complémentaires appropriés aux nouveaux enjeux stratégiques, économiques et sécuritaires auxquels sont désormais confrontées l’ensemble des populations méditerranéennes.

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