Comprendre la situation conflictuelle que traverse le Proche-Orient suppose de se demander pourquoi un seul État reconnu, Israël, couvre une partie des territoires situés entre la vallée du Jourdain et la mer Méditerranée. Le papier précise les facteurs historiques explicatifs de cette situation. Il s’interroge ensuite sur la plausibilité, au vu des pesanteurs historiques, des réalités géographiques et des agissements des acteurs géopolitiques, d’une perspective de solution à deux Etats.
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Les références originales de cet article sont : Gérard-François Dumont, « La solution à deux états pour la paix en Palestine : futur possible ou rhétorique dépassée ?», Revue Géostratégiques, revue n° 68 Ce texte, ainsi que d’autres publications, peuvent être consultés sur le site de la Revue Géostratégiques de l’Académie de Géopolitique de Paris.
Dans ses mémoires, alors que la campagne de Syrie en 1941 constitue un enjeu militaire et politique pour la France libre afin de consolider la position du général de Gaulle tant vis-à-vis de Londres que du régime de Vichy[1], le général de Gaulle écrit cette phrase : « Vers l’Orient compliqué, je volais avec des idées simples »[2]. Cette phrase demeurée célèbre et souvent citée pourrait donner l’impression d’une certaine difficulté à clarifier l’analyse géopolitique du Moyen-Orient même si le Général de Gaulle cherche à aborder simplement les complexités des affaires orien- tales. Plus récemment, on retrouve cette difficulté dans la bouche d’un protagoniste du livre Le village de l’Allemand de Boualem Sansal[3] disant : « Le Moyen-Orient, rien n’est clair depuis la nuit des temps. »
À l’échelle infrarégionale du Moyen-Orient, le mot Palestine interroge sur le champ géographique qu’il recouvre. En effet, le terme n’apparaît pas dans la Bible. En revanche, il est présent dans les enquêtes d’Hérodote (ve siècle avant J.-C.) lorsque cet auteur évoque les « syriens de Palestine », tout en différenciant leur territoire du port de Gaza, considéré comme un des comptoirs maritimes du « roi d’Arabie ». Depuis, on sait que le nom Palestine recouvre une partie d’une région que les Anglais ont désignée à la fin du xixe siècle sous le terme de Moyen-Orient. Sa géographie s’est trouvée ensuite définie par le mandat donné en 1920 au Royaume-Uni par la Société des Nations sur une part du Moyen-Orient distinguant l’Irak, la Transjordanie et un territoire s’étendant de la vallée du Jourdain à la Méditerranée, et donc désigné comme la Palestine mandataire. Pendant cette période, d’ailleurs, le terme palesti- nien est utilisé pour désigner tous les habitants de cette région, donc aussi les juifs.
Comprendre la situation conflictuelle que traversent le Proche-Orient et, plus précisément, le territoire correspondant à la Palestine sous mandat du Royaume-Uni de 1920 à 1948, suppose d’abord de se demander pourquoi il y a un État – Israël – qui couvre une partie de ce territoire et pourquoi un seul. Cela nécessite d’étudier les facteurs historiques explicatifs de cette situation. Quant aux perspectives de paix souhaitées à juste titre par nombre de chancelleries, elles se résument à l’objectif souvent avancé d’une solution à deux États se partageant les territoires situés entre la vallée du Jourdain et la mer Méditerranée. Mais, compte tenu des pesanteurs historiques, des réalités géographiques et des actions des acteurs géopolitiques, cet objectif souvent réitéré est-il un futur possible ou une rhétorique dépassée ?
References