L’Ukraine face à la guerre et la géopolitique des populations

Mis en ligne le 14 Sep 2023

L’Ukraine face à la guerre et la géopolitique des populations

La démographie, la géopolitique des populations, constituent des éléments clefs d’éclairage de la situation de guerre en Ukraine. Le papier présente sept paramètres géopolitiques essentiels des populations de ce pays, prélude à l’étude de la nature, de l’évolution et de la prospective de cette guerre.

Les opinions exprimées dans cet article n'engagent pas le CNAM.

Les références originales de cet article sont : Gérard-François Dumont « L’Ukraine face à la guerre et la géopolitique des populations », Revue Géostratégiques. Ce texte, ainsi que d’autres publications, peuvent être consultés sur le site de L’Académie de Géopolitique de PAris.

Dans le cadre du processus d’implosion de l’Union soviétique acté en 1991, la séparation étatique entre la Russie et l’Ukraine équivalait à un divorce par consentement mutuel compte tenu de différents accords alors passés entre la Russie et l’Ukraine. Ensuite, tout particulièrement à compter de la révolution orange de 2004 puis du sommet de l’OTAN à Bucarest en avril”2008, sommet au cours duquel”les demandes d’adhésions de l’Ukraine et de la Géorgie sont considérées comme essentielles bien que reportées à la demande de la France et de l’Allemagne, il a pris nettement un caractère très conflictuel.

Cela a débouché sur un conflit militaire dans l’est de l’Ukraine en 2014, puis sur l’agression militaire russe du 24 février 2022, donc une situation de guerre ouverte entre deux pays qu’il appartient d’analyser en termes géopolitiques. Ce n’est pas aisé car, depuis cette date, dans les pays européens et singulièrement en France, domine ce que nous pouvons appeler une « étrange géopolitique » pour utiliser l’adjectif du livre de Marc Bloch[1] expliquant les raisons de la défaite française de 1940. Nombre de personnes présentées dans les médias comme des experts en géopolitique, au lieu d’analyser finement les causes du conflit, les rapports de force et les évolutions possibles, multiplient des jugements de valeur selon une approche morale et une rhétorique unilatérale qui risque de participer à l’aggravation des tensions et de concourir à des risques d’élargissement du conflit.

Lorsque Clausewitz parlait de la « montée aux extrêmes », il l’associait à la « guerre absolue », à un emploi illimité de la force, donc à la guerre dans sa théorie. Mais il considérait que la « guerre réelle » ne peut pas monter aux extrêmes, qu’elle est nécessairement limitée. Dans la première année qui a suivi l’agression russe de février 2022, il n’y a pas eu de montée aux extrêmes au plan de la guerre, puisque de nombreuses armes n’ont pas été utilisées, d’un côté comme de l’autre. En revanche, il y a eu de nombreuses montées aux extrêmes dans les discours des protagonistes, ce qui n’est guère étonnant pour des responsables politiques voulant motiver leurs troupes, leurs peuples et leurs soutiens. Le plus surprenant a été la « montée aux extrêmes » de nombre de commentateurs, certains allant jusqu’à considérer qu’il fallait faire disparaître la Russie, donc rayer de la carte le pays le plus vaste du monde et sa population.

Pourtant, la géopolitique n’est pas une discipline dont l’objet est de donner des bons ou des mauvais points, de désigner des bons – totalement bons – et des méchants – totalement méchants, alors que la réalité est toujours complexe. Ce n’est pas parce que Hitler était un dictateur sanguinaire et associé de victoires que tous les militaires allemands étaient des méchants. N’est-ce pas le général Von Choltitz, dernier gouverneur militaire du Paris occupé, qui, en août 1944, épargna Paris en désobéissant à l’ordre de Hitler d’en faire un « morceau de ruines » ?

La géopolitique consiste à étudier les rivalités de pouvoirs ou d’influence sur des territoires et sur les populations qui y vivent. Quant à la géopolitique des populations, elle étudie les interactions entre la situation et les évolutions des populations et les rivalités de pouvoirs ou d’influence sur des territoires. Dans ce dessein, il convient d’abord de préciser le contexte général des populations habitant ces territoires qui forment l’Ukraine. Les tensions engendrant un conflit militaire en 2014 puis son élargissement sont ensuite étudiées. En troisième lieu, la mesure des dynamiques de population apporte des éclairages et permet enfin de dresser quelques éléments prospectifs.

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