Édito 84/5 du 12 octobre 2021

« Nous appellerons émotion une chute brusque de la conscience dans le magique ». Jean-Paul Sartre, écrivain et philosophe français (1905-1980), in Esquisse d’une théorie des émotions.

Nous concluions notre dernier Édito, le 14 septembre 2021, sur le besoin d’analyser la décision unilatérale américaine de retrait militaire d’Afghanistan à l’aune, froide voire cynique, de l’intérêt national. Quelques journées auront hélas suffi pour en donner une autre éclatante illustration. Un « coup dans le dos » frappait de stupeur la France, avec l’annonce surprise, le 15 septembre 2021, d’une nouvelle alliance entre l’Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis, et incidemment l’abandon du contrat « du siècle » pour l’industrie navale nationale. Les plaques tectoniques géopolitiques avaient bougé depuis déjà quelques années, avec la montée en puissance de la Chine et la priorité que les États-Unis y accordaient. Récemment, l’OTAN s’était fait l’écho de ce mouvement de plaques, en déclarant considérer désormais la Chine comme un « défi systémique ». Mais l’onde de choc stratégique qui s’est propagée le 15 septembre dernier était restée, sinon impensée, au moins vraisemblablement insuffisamment anticipée.

Une onde de choc qui interpelle à nouveau l’Europe et ses ambitions encore bien fragiles d’autonomie stratégique ; la sèche mise devant le fait accompli concerne en effet non seulement la France, mais également l’UE ! Ce « coup dans le dos » semble en revanche avoir opportunément inspiré le premier ministre malien. Il dénonçait à la tribune de l’assemblée générale des Nations unies, le 25 septembre 2021, un « abandon en plein vol » de la France, avec le retrait annoncé de Barkhane. Il est vrai que le terme « coup » aurait, dans sa bouche, renvoyé à une réalité politique malienne justifiant bien moins l’indignation affichée.

Après le rappel par Paris des ambassadeurs à Washington et à Canberra, les canaux diplomatiques se sont progressivement rouverts, ce qui est d’ailleurs leur raison d’être. Comment faut-il pour autant considérer le froid réalisme exprimé dans les colonnes du Monde, fin aout, par James F. Jeffrey, ancien diplomate américain aujourd’hui chercheur au Wilson Center à Washington : point de vue personnel ou conviction largement partagée outre-Atlantique ? Il abordait l’impact de la crise afghane sur l’image des États-Unis à l’étranger et, singulièrement l’émotion, l’affliction, manifestées par les alliés européens, en ces termes : « (…) C’est terrible. Mais (…) vous n’avez pas le choix ! Vous voulez devenir un géant politique, militaire et diplomatique ? (…) vous n’y parviendrez pas. Si vous ne voulez pas disparaitre, vous devez travailler avec nous. On est coincés ensemble dans ce monde. ».

Dans les colonnes du Monde également, Nicole Gnesotto craignait récemment qu’une nouvelle guerre froide ne résulte de l’obsession stratégique croissante des États-Unis vis-à-vis de la Chine, obsession que les Européens seraient sommés de partager. On peut vraisemblablement prolonger cette crainte. Une telle nouvelle guerre froide se déploierait sur une scène internationale toujours sous menace atomique, une menace atomique qui pourrait d’ailleurs proliférer. De surcroit, elle se déploierait sur une planète désormais tissée d’interdépendances économiques, d’interconnexions numériques, et sous menace climatique.

***

En ce mois d’octobre, nous vous proposons un nouveau choix d’articles de réflexion stratégique.

Deux d’entre-eux illustrent les récents bouleversements sur la scène internationale : le pouvoir des Talibans à Kaboul et ses possibles conséquences (article Fondation pour la Recherche Stratégique), et les répercussions de l’accord AUKUS pour l’Europe (article Fondation Robert Schuman).

Nous vous proposons également d’élargir la focale, avec un document éclairant les actions d’influence menées par la Chine et leur évolution (article IRSEM), et avec un papier abordant la stratégie climatique de l’UE (article ECFR).

Dans la continuité des Assises Nationales de la Recherche Stratégique (ARS) du 21 septembre dernier et de la conférence Information-Anticipation-Renseignement qui les a suivies, nous vous proposons enfin une analyse sur la menace de portée stratégique que constitue désormais le crime organisé (Article RDN) ainsi qu’une réflexion sur l’anticipation et son corollaire, la décision (article Sécurité Globale).

Outre le bouquet d’articles, vous pourrez disposer sur Geostrategia de liens pour retrouver l’intégrale des ARS 2021 en vidéo.

Rendez-vous en novembre pour une nouvelle publication de votre Agora Stratégique.

Général Paul Cesari, et toute l’équipe de Geostrategia.

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